05 mai 2008

la génération de ‘68 et l'amour


L’aspect le plus évident de la morale individualiste, selon Houellebecq, est le narcissisme. L’égoïsme et la trop grande préoccupation de l’homme de soi-même sont le résultat de la disparition du sentiment communautaire. Aussi, l’importance attribuée à la liberté et au droit de l’autogestion de chacun, des valeurs de la génération de ‘68, ont contribué à ce sentiment de narcissisme. Selon Houellebecq, quelqu’un qui se laisse guider par le narcissisme n’est plus capable du sentiment d’amour. L’amour demande avant tout l’altruisme et la préoccupation de l’autre.

‘je garderais gravée dans ma mémoire l’image de ce petit animal innocent, amoral, ni bon ni mauvais, simplement en quête de sa ration d’excitation et de plaisir.’ Ici nous observons aussi l’image que donne Houellebecq, à travers le personnage d’Esther, de la génération individualiste. Il la nomme amoral et elle est seulement intéressée par son propre plaisir, tout en concordance avec le caractère narcissique de l’homme individualisé.

"Esther n’aimait pas l’amour, elle ne voulait pas être amoureuse, elle refusait ce sentiment d’exclusivité, de dépendance, et c’est toute sa génération qui le refusait avec elle. (...) Pour Esther, comme pour toutes les jeunes filles de sa génération, la sexualité n’était qu’un divertissement plaisant, guidé par la séduction et l’érotisme, qui n’impliquait aucun engagement sentimental particulier."

L’attachement exclusif qu’il sentait pour elle ne correspondait en rien à ce qu’elle ressentait pour lui. La génération d’aujourd’hui ne connaît pas l’amour, elle est libre. La sexualité n’est pas liée au sentiment d’amour, c’est juste un passe-temps agréable qui renforce le désir narcissique d’être adoré.

Plus généralement, Houellebecq montre dans ce livre l’incompatibilité de la liberté individuelle, tant souhaitée dans cet époque moderne, avec l’amour. Afin d’échapper à la solitude et au cynisme évoqués par le monde individualisé qui l’écœure, il cherche le vrai amour. Mais il n’y réussit pas. Dans le monde moderne l’amour n’existe plus.

Le motif pour lequel les gens décident de faire des enfants est déjà, complètement basé sur des raisons égoïstes et narcissiques. C’est au moment où les gens se sentent écrasés par le sentiment de leur propre insignifiance qu’ils décident de faire des enfants. La procréation a ainsi comme seule fonction de combler l’ennui de l’existence.





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