01 décembre 2008

La pensée sauvage


Car, on ne cesse de nous le redire de la manière la plus explicite, le rôle des sciences humaines n'est pas d'expliquer l'homme mais bien de le dissoudre. (Lévi-Strauss, La pensée sauvage,Paris, 1962, p.326).

Le langage est, en effet, tenu pour un message transmis d'un émetteur à un récepteur, langage dont le code est uniquement constitué des signes du Monde; c'est pourquoi, dans de telles spéculations, le terme interlocuteur tend à disparaître, on ne parle plus que de locuteur, l'inter se trouve significativement éliminé par crainte de voir réintroduite à cause de lui une dimension extra-mondaine qui ne serait ni d'espace ni de temps. La formule ça parle, si à la mode aujourd'hui, revient à proclamer: C'est le Monde qui parle et personne d'autre que lui-même.


Le langage et l'homme qui parle se sont livrés au Monde comme on se livre à une occupation et comme on se livre à un maître; ils tournent ainsi en rond, semblables à un écureuil enfermé dans une cage en forme de roue et qui a, peut-être, l'impression de progresser sur une route.


Le langage et le monde, LES RIVAGES DU MONDE, Jean Brun, Desclée, Paris 1979.

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