La surabondance de consommation ne fait que dévoiler la disette de l’homme, comme ses errances démontrent l’existence d’un véritable chemin. N’est-ce pas la séparation, entraînant pour l’homme tous ces essais de sortir de lui, tous voués à l’échec qui, par ces échecs à vouloir sortir de soi, peut amener l’homme vers la transcendance? Celui-ci, en effet, constatant son impossibilité à sortir de sa condition, peut alors s’interroger sur une solution qui ne vient pas de lui-même. C’est le leitmotiv chez Jean Brun: la nécessité d’une transcendance.
G. Canguilhem résume la démarche de notre auteur: «Toute l’œuvre de Brun est une exhortation à nous résigner à n’être pas à nous-mêmes notre propre solution.»
Il s’agit d’une invitation à la réflexion sur le sens de l’existence, la douleur de l’existence humaine face à elle-même, et sur la tendance de l’homme à chercher à s’évader de sa condition. C’est pourquoi Brun dénonce les tentatives d’autodépassement de l’homme; mais derrière cette dénonciation, il vise en fin de compte la possible ouverture à la transcendance. Il sonde la négativité du monde, mais conclut que «ce n’est pas l’homme qui monte vers Dieu, jusqu’à s’identifier à Lui, c’est Dieu qui descend vers l’homme par la Révélation et par l’Incarnation».
Brun, J.- Les Conquêtes de l'homme et la séparation ontologique, Paris, PUF, 1961
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire