13 août 2011

le cœur de masses


« les chrétiens ont d’abord dénoncé le paganisme comme un culte rendu à des “idoles” ou à des démons. Dans un second temps, ne parvenant pas à déraciner les croyances
populaires, ils ont repris à leur compte tout ce qui, dans la tradition païenne, pouvait
être “récupéré” sans porter atteinte aux fondements essentiels de leur foi. Le
christianisme occidental est ainsi devenu un phénomène mixte ». Or, à partir du XVe
siècle, en renouant toujours plus avec ses sources abrahamiques, en rejetant
progressivement toutes ses expressions puisées dans les religions préchrétiennes
(les « manifestations païennes du christianisme »), en refusant cette « mixité » qui
avait permis son implantation sur le sol européen, le christianisme ne s’est-il pas
inéluctablement condamné à disparaître ?

Il est évident que plus le christianisme cherche à se « dépaganiser », moins il
trouve d’écho dans le cœur de masses surtout sensibles aux vieilles traditions
populaires, sanctifiées au cours des siècles mais en réalité venues de la nuit de
temps, aux processions, aux pèlerinages, aux fêtes qui depuis la préhistoire
rythment les saisons et les âges. Cela dit, il ne faut pas simplifier à l’excès une
problématique complexe. Le protestantisme qui, à première vue, par son
iconoclasme, son refus du culte marial et du culte des saints (transposition évidente
d’un ancien polythéisme), son désir d’en revenir à la lettre des Ecritures, s’est
d’emblée positionné comme beaucoup moins « païen » que le catholicisme, n’en a
pas moins conservé certains traits hérités du paganisme que le catholicisme avaient
laissés en jachère. Les pays protestants, il ne faut pas l’oublier, sont essentiellement
des pays germaniques, christianisés plus tardivement que les pays latins, et dans
lesquels le paganisme était particulièrement bien implanté. Que ce soit ces pays
restés païens plus longtemps que les autres qui se sont également tournés vers le
protestantisme, dans un évident souci de se détacher de Rome, donne à réfléchir
sur les ruses de l’histoire.

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