Le mariage n'allant jamais sans la paternité et la
maternité, Grégoire de Nysse verrouille sa démonstration et conclut qu'avoir
des enfants ou n'en pas avoir pose dans un cas comme dans l'autre une
inévitable série de problèmes. La stérilité, le renoncement, tout autant que
l'engendrement, génèrent une somme considérable de difficultés. La présence de
bambins dans un foyer renvoie aux angoisses et craintes connues pour la
personne aimée, elles sont semblables. On redoute la malformation, la naissance
problématique, l'accouchement fatal pour la mère, le veuvage, la maison
désertée par l'épouse et hantée par les cris de l'enfant orphelin. Leur
présence induit des problèmes de vie quotidienne, leur disparition des douleurs
abyssales.
Ni épouse, ni enfants. Se marier et engendrer force à
composer avec le monde sur le principe de l'illusion, du mensonge et de
l'hypocrisie. Erreurs, fausses appréciations, compromissions se partagent le
quotidien avec l'épouse; angoisses, craintes, inquiétudes avec les
progénitures. Et puis, faire des enfants contribue à la propagation du péché
originel, à la transmission, via les générations, de la malédiction en vertu de
quoi tout un chacun, dès qu'il naît, est assez vieux pour mourir. Vouloir la
vie correspond à œuvrer aveuglément pour la mort; interrompre le processus
d'engendrement, c'est accélérer l'avènement du salut par l'extinction de la
douleur qui mène le monde - Schopenhauer s'en souviendra en invitant à épuiser
le vouloir-vivre pour réaliser la béatitude d'un néant triomphant du
négatif. »
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