Comme le Fabrice de Stendhal, qui participait à une bataille sans savoir qu'elle deviendrait la défaite de Waterloo, nous sommes peut-être engagés dans une agonie que nous prenons pour une simple mutation. Nous avons coutume de nous détourner des symptômes les plus dramatiques en nous répétant que, de n'importe quelle manière, le monde continuera. Nous mettons ainsi une confiance aveugle dans un avenir que nous avons le tort de prendre pour une panacée perpétuelle. Nous sommes également persuadés qu'il n'y a pas de problèmes posés par l'homme que celui-ci ne puisse finir par résoudre; cette affirmation simpliste ferme les yeux devant l'épée de Damoclès démographique, industrielle, bactériologique, atomique, politique, énergétique et intellectuelle que l'homme a suspendue au-dessus de sa propre existence. Epée de Damoclès qui masque d'ailleurs, à ceux qui l'aperçoivent, la situation au sein de laquelle elle a été forgée.
Jean Brun, Les Rivages du Monde, Introduction.
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