23 juillet 2008

Bergman : Dans le silence de Dieu


La boucle est bouclée. Le silence auquel le petit Ingmar était condamné pour ses « péchés » s’est transformé en silence, puis en absence de Dieu. Il en résulte un vide qui va hanter la suite de l’œuvre, où l’homme et la femme – sous leurs masques en décomposition – seront plus nus que jamais face à leurs crises conjugales et leurs névroses existentielles, en proie à leurs passions et angoisses. « Lorsque ma superstructure religieuse s’est effondrée – et elle m’avait abrité de bien des choses – j’ai alors regardé le monde et j’en ai éprouvé de l’effroi », écrit Bergman. « C’est ce vide, l’illusion perdue de Dieu, et tout ce que les hommes inventent pour le remplir, que je décris dans mes films. »

Peu de cinéastes ont su montrer avec autant d’acuité et de justesse ce qu’il advient à l’être coupé de toute transcendance. L’enfer, chez Bergman, c’est l’autre, mais aussi soi-même. Un enfer cependant traversé avec une énergie et un appétit de vivre tels qu’il ouvre, parfois, sur une joie bouleversante. Une vie et une lumière que Bergman sait comme nul autre capter dans les visages, qu’il scrute avec une attention proprement « sacrée ». Là, dans ce face-à-face, nous nous trouvons soudain devant un mystère si profond que nous pouvons, si nous le désirons, percevoir une Présence invisible, voir l’empreinte négative de Dieu.

il croit en revanche à la réalité d’un « mal virulent qui ne dépend absolument pas du milieu ou des facteurs héréditaires : le péché qu’ignorent les animaux. L’homme porte en lui des tendances à l’autodestruction et à la destruction de son entourage.

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